Le SESRIC a lancé le rapport sur l'État de l’enfance au cours de la 5ème Conférence islamique des ministres chargés de l'Enfance, tenue à Rabat au Maroc les 21 et 22 février 2018, sous le thème : « Vers une enfance plus sûre ».
Les principaux points du rapport ont été présentés par M. Mazhar Hussain, chercheur à SESRIC, au cours de la Conférence, qui était organisée pour mettre en œuvre la Résolution de la 4ème Conférence islamique des ministres chargés de l'enfance qui s'est tenue à Bakou, Azerbaïdjan, en novembre 2013.
Le rapport offre une analyse exhaustive de la situation des enfants dans les pays de l'OCI en se basant sur les données comparables les plus récentes et les tendances sur la santé et le bien-être des enfants, la nutrition et la sécurité alimentaire, l'éducation de base et la scolarisation des enfants, ainsi que la protection et le bien-être.
Selon les conclusions du rapport, les pays de l'OCI sont caractérisés par la distribution démographique la plus jeune, avec plus d'un tiers de la population ayant moins de 15 ans. Cela accentue la forte demande en soins de santé, en scolarité, en alimentation, en activités récréatives, en protection et en services sociaux pour les nourrissons et les jeunes enfants de ces pays.
Au fil des années, plusieurs pays de l’OCI ont réalisé des progrès importants en investissant, plus que jamais, des ressources importantes dans les services de soins de santé primaire, a fait remarquer le rapport.
On constate des histoires de réussite importantes au sein du groupe de l’OCI en matière de mise en place des interventions, notamment les soins prénatals, les accouchements assistés par personnel de santé qualifié, la vaccination et le recours précoce aux soins en cas de pneumonie, diarrhée et paludisme. Ces efforts ont donc porté fruit et la mortalité infantile a diminué de 52 % depuis 1990. Cependant, en dépit des progrès remarquables, le groupe des pays de l’OCI a fait le moins de progrès vers la réduction des taux de mortalité infantile.
En outre, le rapport insiste sur le fait que l'alimentation des enfants et la sécurité alimentaire est un autre sujet de préoccupation important dans les pays de l'OCI. Par conséquent, non seulement le risque de décès infantile par maladie courante comme la diarrhée, la pneumonie et le paludisme est resté élevé, mais aussi de nombreux enfants souffrent de réduction des capacités cognitives causée par la malnutrition et les carences en oligoéléments tels que la vitamine A, l’iode et le fer. Durant la période 2010-2015, environ un tiers des enfants dans les pays de l'OCI souffraient de retard de croissance, 18 % avaient un poids insuffisant, 9 % étaient émaciés et 6 % en surpoids.
Bien que ces complications soient largement évitables et guérissables notamment par des pratiques d'alimentation adéquates des enfants recommandées par l'OMS et l'UNICEF, seulement 39 % des nourrissons dans les pays de l'OCI ont bénéficié d’une mise au sein dans l’heure qui suit la naissance, 33 % ont été allaités exclusivement au sein pendant les six premiers mois de la vie et 58 % des nourrissons de 6 à 8 mois ont été introduits à l’alimentation complémentaire.
Depuis les années 1990, les pays membres de l'OCI ont connu une amélioration significative en termes d'alphabétisation, de taux de scolarisation et d'achèvement. Cependant, les pays membres de l’OCI, en moyenne, ont encore un long chemin à parcourir pour atteindre le niveau des pays développés en ce qui est des taux d’alphabétisation, de fréquentation et d’achèvement scolaire. En matière d’adéquation des services éducatifs destinés aux enfants, les pays de l’OCI, en moyenne, sont à la traîne par rapport aux pays en développement non membres de l’OCI. A titre d’exemple, en termes de dépenses gouvernementales par élève, les pays membres de l’OCI avaient dépensé en moyenne 928 dollars par élève, tandis que la moyenne des pays en développement non membres de l’OCI était de 1860 dollars au cours de la même année. En ce qui concerne la garantie d’une éducation de qualité pour les enfants, les pays de l’OCI rencontrent toujours des problèmes. L’un de ces problèmes est l’existence de salles de classe pléthoriques dans le groupe de l’OCI où le ratio élève-enseignant est nettement supérieur à celui des pays développés.
Selon les données fournies par le rapport, le travail des enfants est l'une des pires formes d'exploitation généralisée dans les pays en développement, y compris de nombreux membres de l'OCI. Bien que le travail des enfants soit interdit dans la majorité des pays de l'OCI, 17 % des enfants âgés de 5 à 14 étaient toujours obligés de travailler entre 2009-2015. Les jeunes garçons sont généralement plus susceptibles à travailler que les jeunes filles. Parmi les groupes régionaux de l'OCI, la prévalence du travail des enfants est restée la plus élevée en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, qui abritent actuellement presque la moitié des enfants âgés de 5 à 14 ans de l'OCI.
De plus, les conflits dans les pays de l’OCI ont des effets néfastes qui entrainent des décès, blessures, destruction des infrastructures, création d'un environnement chaotique où la violence et les abus ne peuvent être contrôlés, et déplacement des enfants de leurs familles et pays. Le nombre de conflits augmente de plus en plus dans la région de l'OCI au cours des dernières années où chaque année, le nombre d'enfants souffrant de conflits à des degrés divers continu de croitre.
Version électronique du rapport